2019
De et avec Eve Bonfanti et Yves Hunstad (Bruxelles)
Documentaire Christian Rouaud
Conception, texte et interprétation Eve Bonfanti et Yves Hunstad
Chant Lola Bonfanti
Voix de l’enfant Moïno Bonfanti
Lumières et son Léonard Clarys
Direction d’acteurs Monique Cappeau
Participation artistique Gaetan van den Berg
Diffusion Laurence Fabre (Drôles de Dames)
Production La Fabrique Imaginaire
Avec le soutien du CIRCA Auch, de la Villette Résidence d’artistes-Paris, du théâtre des Doms Résidence d’artistes-Avignon, du théâtre Aghja, Résidence d’artistes-Ajaccio.
Remerciements à Simonne Moesen, Etienne Vanderbelen et Madame Gendron.
Cet événement spécial propose un programme cinéma et théâtre, présenté à un public toujours friand d’en apprendre davantage sur les rouages de la création.
Le film documentaire Le plaisir du désordre raconte de manière drôle et émouvante les trois premières années de recherche du dernier spectacle de la Fabrique Imaginaire L’Heure et la seconde. Avec Digressions et autres détours avant de jouer, les spectateurs retrouvent sur scène, en chair et en os, les deux protagonistes du film, qui poursuivent l’épopée aventureuse de cette création, sous forme d’exposé théâtral et imaginaire.
Film documentaire Le plaisir du désordre
« J’ai vu, au fil des années, les quatre spectacles d’Yves Hunstad et Eve Bonfanti, morceaux de théâtre fascinants d’intelligence, de drôlerie, de poésie, qui proposent des histoires insensées et grandioses tout en interrogeant la place du spectateur, son rapport à l’imaginaire, et la fonction de subversion douce du théâtre.
À l’issue de chaque représentation, la même question m’occupait l’esprit : comment font-ils pour écrire, à deux, des textes aussi millimétrés et qui pourtant semblent si fragiles, en danger, aux confins de la panique et de l’improvisation ?
Voilà comment est née l’idée de ce film. Tenter d’explorer le mystère d’une écriture à deux mains, à deux esprits, à deux regards, à deux voix. Quel dialogue, quels liens, quelles tensions, quelles approximations, quelles trouvailles fulgurantes, quels espoirs déçus, quels renoncements, quels silences ? »
Christian Rouaud
Cinéaste, réalisateur des documentaires Tous au Larzac et Le plaisir du désordre
À PROPOS DES ARTISTES
La Fabrique Imaginaire
Eve Bonfanti et Yves Hunstad c’est avant tout un duo pas comme les autres.
Artisans dans l’âme, ils composent leurs spectacles à quatre mains. Au final une écriture gémellaire, à la fois masculine et féminine, taillée au millimètre.
Ces deux là, tels des magiciens, inventent et jouent des histoires entre vrai et faux semblants jeu et hors-jeu, fiction et réalité, en complicité avec le public.
Chacun de leur spectacle s’apparente à un voyage dans l’imaginaire, bouscule les codes de la représentation, éveille notre sensibilité et nos désirs les plus enfouis.
Les spectateurs qui suivent leurs aventures savent qu’on ne peut ni raconter ni mesurer leurs pièces, véritables bijoux théâtraux, où poésie et humour fou s’entremêlent singulièrement.
EVE BONFANTI ou l’art d’expérimenter simultanément le jeu, la mise en scène et l’écriture
C’est dès l’âge de dix ans qu’elle se passionne pour le théâtre et joue dans des compagnies confirmées. Enfant parmi les adultes, c’est donc sur les planches qu’elle fera son « école » du théâtre. Très vite, elle élargit son intérêt pour la scène à celui de l’écriture et de la mise en scène. Ainsi, elle adapte en français et signe la mise en scène de la pièce de l’autrice et poétesse italienne Dacia Maraini, Dialogue d’une prostituée avec son client, et celle du dramaturge allemand F.X. Kroetz, Concert à la Carte.
L’écriture et la mise en scène théâtrale l’amènent à celles du cinéma aussi et c’est en 1984 qu’elle signe son premier long-métrage, Madame P, qui obtient le Prix du Scénario du Ministère de la Culture de la Communauté Française de Belgique et qui est primé dans plusieurs festivals internationaux : Prix Dukatenfilm au Festival International de Mannheim en Allemagne (1984), Prix de la Presse pour le Meilleur Film, Prix du Jury pour le Meilleur Film Étranger et enfin le Prix du Public pour le Meilleur Film Étranger au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Belfort en France (1985).
Au théâtre, elle conçoit des spectacles à partir d’improvisations, où s’entremêlent écriture, jeu et mise en scène. C’est lors de sa première collaboration avec Yves Hunstad qu’elle crée La Tragédie Comique en 1988. Énorme succès, après plus de 800 représentations à travers le monde, le spectacle est toujours en tournée actuellement et aura marqué la naissance de leur compagnie : La Fabrique Imaginaire.
Parallèlement aux créations de La Fabrique Imaginaire, elle met en scène Au Café du Port, un spectacle musical en collaboration avec des danseurs de tango et Bruxelles-Aires Tango Orchestra; et elle est récompensée du premier prix Plume d’Ancre et du troisième prix Jadis et Demain en 2013 pour sa nouvelle Astre bleu.
YVES HUNSTAD ou l’art de sculpter l’improvisation.
Auteur et metteur en scène, c’est depuis la toute petite enfance qu’Yves Hunstad est passionné par le jeu et la création de personnages. Il entre dans une troupe amateur à l’âge de quinze ans et c’est quelques années plus tard, en 1975, qu’il entre à l’INSAS, Institut national supérieur des arts du spectacle, à Bruxelles.
Dès sa sortie, il joue dans des spectacles de Philippe Van Kessel, Jo Dua, Moshe Leiser, Mario Gonzales, entre autres… Depuis toujours fasciné par le jeu du masque, et parallèlement à son travail de comédien et de metteur en scène, il se consacrera très vite à la recherche théâtrale: de l’écriture d’un spectacle à la construction de ses personnages, c’est sur la base de l’improvisation qu’il fondera ses recherches.
Il écrit son premier seul-en-scène Hello Joseph !, suivi du second, en 1985, Gilbert sur scène qui remportera un succès national. Se consacrant de plus en plus à la création, c’est en 1988 qu’il rencontre Eve Bonfanti autour d’une première co écriture La Tragédie comique, spectacle phare, qui sera joué plus de 800 fois et qui marquera les débuts de leur collaboration et la création de leur compagnie : La Fabrique Imaginaire.
Les spectacles de la compagnie
La Tragédie comique
À la croisée du théâtre élisabéthain et de la création contemporaine, La Tragédie Comique joue avec la représentation, son cortège d’impostures et de dévoilements, ses limites et son infinité et nous embarque, séance tenante, pour un voyage jusqu’au cœur d’un grand mystère : celui du théâtre. Yves Hunstad brasse le plaisir du jeu, l’intelligence alliée à l’émotion et nous livre un inoubliable moment de grâce.
Le Carrefour a présenté ce spectacle en 1992; le festival en a aussi organisé la tournée québécoise en 1993. Il a été ensuite repris lors de la 10e édition, en 2009.
Du vent… des fantômes
Quand l’acteur devient-il personnage ? Que devient sa personne dans le jeu ? Comment peut-on croire à ce qu’il n’est pas possible de croire ? Marchant sur un fil invisible et tendu entre vrais et faux-semblants, jeu et hors-jeu, fiction et réalité, dans Du vent… et des fantômes, Ève Bonfanti et Yves Hunstad ôtent le masque avec humour, audace et finesse, exhibent les ficelles de la scène pour observer au plus vrai quand et comment naît le théâtre.
Au programme du Carrefour 2000.
Au bord de l’eau
Deux sièges sagement posés derrière une table… et devant un étang.
Le décor est campé, la lecture de la pièce peut commencer. Mais attention, qui parle ? Qui est devant vous ? Au bord de l’eau, c’est un plongeon dans un univers en trompe l’œil, c’est l’intrusion dans le monde du théâtre par le biais d’un miroir aux reflets changeants… Cette fonction de dynamiteur des habitudes, Eve Bonfanti et Yves Hunstad l’assument ici avec un très sérieux sens de l’humour.
Présenté au Carrefour en 2006.
Voyage
Une épopée physique et métaphysique pour six personnages dans les couloirs du temps et de la conscience. Aux confins de la métaphysique, de l’imaginaire et de la science, Voyage raconte l’histoire singulière de six personnages qui évoluent et se télescopent dans des zones différentes de l’espace- temps, déstabilisant nos repères, questionnant nos certitudes, comme autant de façons de percevoir la vie.
Le Carrefour a présenté ce spectacle en 2009, conjointement avec la reprise de La Tragédie comique.
Même dans ces moments que l’on pourrait qualifier de « réels », lors d’interventions du technicien, de discussions au sujet du décor, de l’écriture ou des déplacements, la poésie réside dans l’énergie englobant la scène et le public. Ainsi le théâtre s’apparente au cosmos où chaque individu pénètre, aboli du temps et de l’espace, l’instant d’une représentation
Amina Gudzevic
L’Atelier critique, décembre 2018
Tissant un message actuel et profond à leur trame comique et constamment floue à cheval entre la fiction et le réel, leur théâtre bouscule les codes. Comme le dit si bien le nom de leur compagnie, ils fabriquent, devant nous et avec nous, de l’imaginaire.
Mélanie Scyboz
L’Atelier critique, 21 décembre 2018