1998 | Caserne Dalhousie
En anglais
Théâtre Passe Muraille (Toronto)
L’histoire débute comme une simple énigme policière. Un homme a été assassiné. Les deux détectives chargés de l’enquête constatent que rien n’a été volé… sauf le cerveau de la victime. Puis, une seconde trame se juxtapose à la première. Drame passionnel, alors : un homme rencontre une femme… ou la connaît-il depuis longtemps ? Est-elle sa femme ou pas ? Est-elle courtier en valeurs mobilières ou neurologue ? Et lui, qui est-il ? Une de ces victimes dont le cerveau a disparu ? Les histoires s’entremêlent et s’emmêlent ; d’autres crimes ont effectivement été commis, dont le dénominateur commun est le cerveau manquant, chaînon de l’affaire, sans doute. Ces organes seraient-ils gardés vivants dans un quelconque laboratoire, entre les mains d’un savant pas si fou que ça ? Nous voilà en pleine science-fiction.
C’est bien dans l’univers des réalités parallèles que nous entraîne l’auteur de ces « mondes possibles ». Mathématicien et philosophe, John Mighton a aussi l’âme d’un poète et le brio d’un punch-liner, et sa pièce est autant un divertissement fantastico-scientifique qu’un ouvrage de spéculations métaphysiques. Que sont la conscience, la mémoire et l’imagination ? Notre identité est-elle malléable ? Jusqu’où ira la science ?
Ces questions abstraites, voire ésotériques, sont ici incarnées avec un rare bonheur, dans une succession rapide de courtes scènes où rivalisent l’insolite et l’humour, le suspense et l’absurde. On pense à Twin Peaks, on pense à X-Files, et puis on n’y pense plus, car malgré la saveur cinématographique de l’écriture, le produit final est éminemment théâtral. La mise en scène de Daniel Brooks, réglée comme un ballet, dénuée d’artifices, répond aux nombreux défis posés par ce texte à la fois sibyllin et transparent, dont elle traduit toute l’ambiguïté. Le rythme, l’économie, la pureté de la forme; la brillante métaphore de la scénographie qui enferme l’action dans une boîte, une musique et des éclairages efficaces, évocateurs et inspirés ; tous ces éléments participent d’une vision artistique intelligente, cohérente et unifiée, et les quatre acteurs vifs, drôles, versatiles et précis, apportent ce qu’il faut d’humanité à une œuvre qui aurait pu être froide.
Texte John Mighton
Mise en scène Daniel Brooks
Scénographie Julie Fox
Lumière Andrea Lundy
Environnement sonore Richard Feren
Création des costumes Heather MacCrimmon
Ajustement des costumes Michelle Smith
Régie Melissa Berney
Réalisation des accessoires spéciaux Roger West
Conseiller à la scénographie Michael Levine
Son Borys Medicky
Directrice de tournée Jacoba Knaapen
Directeur de production Mark Ryder
Producteur associé de The Possible World co. Jim Warren
Interprètes Daniel Brooks, Lisa Ryder, Frank Moore, Jamie Williams, Chris Earle
Production Théâtre Passe Muraille