1997 | Caserne Dalhousie
En anglais
Performing Lines (Australie)
Dans cette pièce créée l’automne dernier, William Yang nous invite à le suivre dans une fascinante quête d’identité à travers l’Australie et la Chine. Il retourne sur les lieux de son enfance dans une petite ville du North Queensland, à la recherche de ses origines et de son héritage. À travers ce pèlerinage dans le passé, Yang réexamine ce qu’être Australien signifie pour un homme appartenant à une minorité visible. Mettant en pratique une phrase célèbre de sa collègue américaine Diane Arbus – « It is that which you have never seen before which you truly recognize » -, la quête de ce photographe s’articule à partir de son album de famille et de superbes images du nord de l’Australie, séquences qui apparaissent et se dissolvent subrepticement au fil du récit. Par le biais de ces souvenirs photographiques, Yang aboutira à une définition élargie de l’identité. Son questionnement sur le sentiment d’appartenance et son analyse des différences culturelles mettent en relief différents aspects du multiculturalisme et du racisme. Voyage intimiste entre deux cultures et deux formes d’expression, ce slide show sophistiqué propose un récit plein d’humour, d’une grande sensibilité et d’une simplicité désarmante. Accompagné par Colin Offord et sa musique envoûtante, William Yang nous livre un spectacle emblématique et très émouvant.
Cela se passe surtout dans la région sèche autour de Dimbulah, dans le North Queensland, où je suis né et j’ai grandi. Mon père exploitait une plantation de tabac et j’ai passé mon enfance à la campagne. La famille de ma mère vivait à Cairns, où il y avait une communauté chinoise et où nous allions souvent en visite. La côte, humide et pluvieuse, m’apparaissait comme un autre monde. Je suis allé au collège à Cains. J’y ai eu des problèmes parce que j’étais chinois et que j’étais gai, quoique c’était là quelque chose que je pouvais cacher.
J’ai quitté le nord ; je suis allé à l’université ; je suis venu à Sydney, où je me suis affirmé comme homosexuel. J’ai vécu une vie urbaine, rencontré des gens, redécouvert mon héritage chinois, voyagé à l’étranger. J’ai oublié le nord. Je ne voulais plus y retourner, tellement j’en étais rendu loin.
Mais j’y suis retourné… Là, j’ai pu me souvenir du moment où mon expérience du monde était encore neuve, me rappeler de la forte impression que le paysage me faisait à l’époque. Même si les gens ne m’acceptaient pas comme Australien à cause de mon apparence, d’une certaine façon je savais que je l’étais car j’ai reconnu ce territoire.
William Yang