Matroni et moi

« C’est un procédé simple mais efficace que de confronter un univers très cérébral à un monde vénal. D’un côté, il y a Gilles qui est une espèce de Don Quichotte grotesque dans sa déconnexion, et de l’autre la petite pègre, avec ses excès immédiats. (…) On oscille tout le long de la pièce entre l’intellect pur et l’existence la plus  quotidienne. (…) Je pense  qu’une grande partie du sens de ce qui se dit revient aux interprètes, dans leur façon même de jouer en faisant alterner le comique et le dramatique. » En souvenir de ses lectures d’Aristote, de Nietzche et de Cioran du temps où il les étudiait dans le texte à l’université, Alexis Martin s’est amusé à tresser les paroles d’un  étudiant verbomoteur qui vient d’achever sa longue dissertation sur la mort de Dieu, et celles de truands comme Matroni qui s’en tiennent  à une attitude pragmatique : « Y a des affaires qui se font et des affaires qui se font pas. » (Alexis Martin) s’est ainsi livré, l’air de rien, à une espèce de strip-tease tragicomique du corps social (ou de la moralité publique, au choix).
Gilbert David, entretien avec Alexis  Martin, Le Devoir

« Gilles, au fond, franchit un seuil. C’est une vieille question que les philosophes se posent depuis les débuts :  si la philosophie ne débouche pas sur des gestes, n’est-elle pas nulle ? Gilles est une sorte de Don Quichotte, un peu absurde. C’est comme s’il avait vécu dans une garde-robe mentale avant de tomber en plein centre-ville. » (…) Gilles défend la notion abstraite d’un humanisme universel et aveugle, d’inspiration chrétienne. « C’est comme un condensé de tendances qu’on a tous en nous, je crois. Ces questions m’habitent, elles ne sont pas résolues pour moi.  J’aime le libre jeu entre tous ces points de vue, ce dialogue intérieur constant. »
Marie Labrecque, entretien avec Alexis Martin , Voir