SpectacleArchive

La Tendresse

Théâtre La Bordée

1h45(sans entracte)

Français


dim. 2 Juin
15h
lun. 3 Juin
19h30
mar. 4 Juin
19h30

Prix régulier / Inclus dans la tarification inclusive

Julie Berès (France | Reims)

DANSE | THÉÂTRE

Comment faire pour questionner sa masculinité et la construction du patriarcat dans une société où l’accès à sa propre sensibilité est tabou? Julie Berès met en scène huit jeunes hommes, issus de classes sociales, de religions et même de pratiques artistiques différentes. Avec humour et réjouissance, ils se questionnent, se percutent et s’ouvrent les uns aux autres dans une longue conversation fluide et informelle, parsemée de danses et d’interludes musicaux. La compagnie française Les Cambrioleurs ose à nouveau se plonger dans des sujets d’actualité avec audace et humanité. La Tendresse n’est pas un spectacle militant mais plutôt une question lancée au public, en toute tendresse.

Présenté en collaboration avec le Consulat général de France à Québec

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Avertissements
Effets de fumée, nudité complète

CE QUI NOUS A CHARMÉS

Comment résister à ces huit hommes, tellement différents les uns des autres, qui revendiquent avec fougue le droit d’embrasser leur propre masculinité dans toute sa singularité ? Lorsqu’on ajoute à cette prise de parole une mise en scène orchestrée par une femme, on réalise l’urgence d’une telle parole. Nous sommes donc très heureux de vous offrir cette œuvre nécessaire, qui, nous l’espérons, vous donnera foi en la nature humaine.

Votre comité de programmation

Assistez à la rencontre après-spectacle et discutez avec les artistes le 2 juin 15 h

LES CRÉDITS

Crédits 👇

Conception et mise en scène : Julie Berès

Avec : (Création du rôle) Bboy Junior (Junior Bosila), Natan Bouzy, Alexandre Liberati, Tigran Mekhitarian, Djamil Mohamed, Romain Scheiner, Mohamed Seddiki (En binôme avec) Ryad Ferrad, Saïd Ghanem, Guillaume Jacquemont

Écriture et dramaturgie : Kevin Keiss, Julie Berès et Lisa Guez, avec la collaboration d’Alice Zeniter
Chorégraphe : Jessica Noita
Référentes artistiques : Alice Gozlan et Béatrice Chéramy
Création lumière : Kélig Le Bars assistée par Mathilde Domarle
Création son et musique : Colombine Jacquemont
Assistant à la composition : Martin Leterme
Scénographie : Goury
Création costumes : Caroline Tavernier et Marjolaine Mansot
Régie générale : Quentin Maudet
Régie générale tournée : Alexis Poillot
Régie son : Antoine Frech en alternance avec Colombine Jacquemont
Régie lumière : Henri Coueignoux
Régie plateau création : Dylan Plainchamp
Régie plateau tournée : Amina Rezig, Matthieu Maury et Florian Caraby

Remerciements à Florent Barbera, Karim Bel Kacem, Johanny Bert, Victor Chouteau, Mehdi Djaadi, Elsa Dourdet, Émile Fofana, Anna Harel et Nicolas Richard pour leurs précieuses collaborations. Nous remercions toutes les personnes qui ont accepté de nous partager des apports biographiques et artistiques pour ce projet. Le texte est publié aux éditions Librairie Théâtrale – collection L’Œil du Prince.

Photos © Axelle de Russé

Le décor a été construit par l’Atelier du Grand T, Théâtre de Loire-Atlantique-Nantes.

Production : Compagnie Les Cambrioleurs / direction artistique Julie Berès
Responsable de production et de diffusion : Clara Estandié
Attachée de production : Mylène Güth
Assistante de production : Maëva Cauquil
Responsable d’administration et de production : Lyévine-Marie Chevalier

Coproductions et soutiens : La Grande Halle de La Villette, Paris • La Comédie de Reims, CDN • Théâtre Dijon-Bourgogne • Le Grand T, Nantes • ThéâtredelaCité – CDN de Toulouse Occitanie • Scènes du Golfe, Théâtres de Vannes et d’Arradon • Les Théâtres de la Ville de Luxembourg • Les Tréteaux de France, Centre Dramatique Itinérant d’Aubervilliers • Points Communs, Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise • Nouveau Théâtre de Montreuil, CDN • Théâtre L’Aire Libre, Rennes • Scène nationale Châteauvallon-Liberté • Théâtre de Bourg-en-Bresse, Scène conventionnée • La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc • Le Canal, Scène conventionnée, Redon • Le Quartz, Scène nationale de Brest • Espace 1789, Saint-Ouen • Le Manège-Maubeuge, Scène nationale • Le Strapontin, Pont-Scorff • TRIO…S, Inzinzac-Lochrist • Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône • Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Scène nationale

Soutiens : Fonds d’insertion de l’ESTBA et de l’ENSATT, avec la participation artistique du Jeune Théâtre National La Compagnie Les Cambrioleurs est conventionnée par le Ministère de la Culture / DRAC Bretagne, et par la Région Bretagne, la Ville de Brest, et est soutenue pour ses projets par le Conseil Départemental du Finistère. Julie Berès est artiste associée du projet du Théâtre Dijon-Bourgogne, dirigé par Maëlle Poésy, et de DSN-Dieppe Scène nationale, dirigé par Simon Fleury.

Vidéo

Vidéo

INTERPRÈTES

BBoy Junior

BBoy Junior (de son vrai nom Junior Bosila Banya) est l’une des figures emblématiques du breakdance. Grâce à ses titres de champion du monde de breaking, sa victoire à l’émission de M6 La France a un incroyable talent, et plusieurs collaborations avec des comédiens et chanteurs internationaux, son éclectisme a pu le porter dans le cœur du grand public.

BBoy Junior est né en République Démocratique du Congo et y grandit jusqu’à l’âge de deux ans, lorsqu’il déclenche une poliomyélite. Il voyagera alors jusqu’en France pour rejoindre une famille d’accueil, afin de lui prodiguer tous les soins nécessaires. Il grandit donc à Saint-Malo en Bretagne, où il découvre le breakdance à 14 ans. Handicapé par sa maladie, qui le limite dans certaines activités, il se prend de suite de passion pour cette discipline qui lui donne la possibilité de s’exprimer et d’évoluer au sein d’un groupe. Rapidement remarqué par des breakdancers de renom, il rejoint la région parisienne pour y intégrer le groupe des Wanted Posse, dont la réputation résonne déjà à l’international. En 2001, ils décrochent ensemble le titre de champion du monde lors du Battle Of The Year. Junior se démarque alors par son style singulier et des figures uniques.
S’en suit ainsi des projets variés et de nombreuses collaborations comme avec Madona, Alain Chabat ou Jamel Debbouze par exemple. Il explore aujourd’hui la scène internationale à travers ses spectacles, il dirige sa propre compagnie et parcours le monde à la découverte des différentes cultures de la danse et du breaking. La polyvalence de Junior acquise au fil de ses projets permet d’apercevoir des talents assez variés.

Natan Bouzy

Natan suit toute sa formation à l’école de danse de l’Opéra national de Paris avant d’être engagé dans la compagnie en 2011. Après un an dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris, il choisit de rejoindre le Grand théâtre de Genève pour danser un répertoire plus contemporain. Il travaille alors avec différents chorégraphes comme Andonis Foniadakis, Pontus Lidberg, Didy Veldman, Emmanuel Gat, Cindy Van Acker, Joëlle Bouvier, Claude Brumachon, Sidi Larbi Cherkaoui, et Andrew Skeels.

En 2018, il quitte le grand théâtre et décide de mener une carrière en free-lance. Il travaille avec Marco Berrettini, Jérôme Bel, la compagnie 3ème étage, les Vagabonds, la compagnie ADN Dialect, Marie Caroline Hominal et la compagnie Ioannis Mandafounis. Il fonde en 2020 le collectif Encore Heureux.

Alexandre Liberati

Formation

2016 – 2019 : ESTBA (École Supérieure de Théâtre Bordeaux Aquitaine)
DNSPC – Diplôme National Supérieur Professionnel de Comédien
2014 – 2016 : Conservatoire à Rayonnement Régional de Montpellier
2013 – 2014 : EC Language School de Los Angeles
2006 – 2013 : Atelier Théâtre de Juvignac de Frédérique Bruel

Artiste interprète théâtre

2021/2022/2023 : La Tendresse de Julie Berès
Théâtre des Bouffes du Nord (Paris) – Tournée de Novembre 2021 à Mai 2023
2020 : La Mouette (Je n’ai pas respecté le monopole) de Celine Champinot Théâtre Dijon Bourgogne (CDN) et Lycées Bourgogne Franche-Comté
2019 : How Deep is Your Usage De l’Art (Nature Morte) de Benoît Lambert Théâtre Dijon Bourgogne (CDN)
2019 : l’Adolescent de Sylvain Creuzevault, Théâtre National de Bordeaux (TNBA) – Théâtre de l’Odéon (Paris)

Tigran Mekhitarian

Formation au conservatoire municipal de Menton, au Cours Florent et au Conservatoire du 8e arrondissement avec J.-P. Garnier, I. Gardien, J. Dupleix, S. Brincat, il joue notamment avec N. Luquin Lorenzaccio; une création collective : WonderlandA. Coutureau, Dom Juan de Molière.
Il participe au Projet Premier Acte sous la direction de S. Nordey au Théâtre de la Colline : interprète des textes de Tarkos, Neruda, N.Hikmet, et travaille avec Jean-François Sivadier, Nicolas Bouchaud, Valérie Dréville. En 2015, il met en scène Les Fourberies de Scapin au Cours Florent. Cinéma avec E. ChouraquiL’Origine de la violence.

Djamil Mohamed

Djamil Mohamed est né à Mayotte, ce petit archipel de l’Océan Indien dont l’économie gravite essentiellement autour de l’agriculture et de la pêche et où les scènes nationales n’existent pas. C’est dire si la voie permettant à un jeune Mahorais de devenir comédien est loin d’être tracée. Et pourtant, grâce à sa volonté de fer, Djamil Mohamed a intégré l’École de la Comédie de Saint-Étienne et, depuis trois ans, brûle les planches plutôt que la forêt de sa région natale pour y planter du manioc. Comment rêve-t-on d’incarner Roméo ou Dom Juan quand on pousse loin des grands textes du répertoire? Djamil Mohamed, c’est l’histoire d’un petit gars qui s’affranchit de toutes les assignations et qui transcende sa condition sociale et sa couleur de peau par la seule force de son désir…

Romain Scheiner

Né en 1993, Romain Scheiner découvre à l’adolescence le cinéma en participant à trois longs-métrages : Le Dernier Gang (Ariel Zetoun), Un Coeur Simple (Marion Laine) et Plein Sud (Sebastien Lifschitz).

Il intègre à 18 ans les cours de Michel Armin, Eric Frey et Emilie-Anna Maillet au Conservatoire Municipal Jacques Ibert (XIXe arrondissement de Paris), puis à ses 21 ans ceux de Nathalie Bécue-Prader et Catherine Gandois au Conservatoire Darius Milhaud (XIVe arrondissement).

Parallèlement, il poursuit une licence d’études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle, qu’il complète en 2015.

Son goût pour le théâtre physique naît en 2012 lors d’un stage à l’étranger, chez le Double Edge Theatre, dans le Massachusetts, aux États-Unis, dont les méthodes sont directement héritées de Jerzy Grotowski et Eugenio Barba.

Il intègre en 2015 la promotion 9 l’École Supérieure du Théâtre National de Bretagne, où il travaille entre autres avec le clown Ludor Citrik, les metteurs-en-scène Charlie Windelschmidt, Stuart Seide, Eric Lacascade, Les Chiens de Navarre ainsi que Thomas Richards, du Workcenter de Jerzy Grotowski.

Il travaille en 2019 pour l’Opéra Royal de Wallonie, à Liège, sur les opéras Aïda et Anna Bolena, en tournée au sultanat d’Oman.

Il a également animé de nombreux cours de théâtre pour tous âges, en français et anglais (TAM, DULALA Montreuil, L’Arène Théâtre, Anis Gras, Theatre Paris-Villette).
Il a complété une formation musicale de clarinette et de piano.

Mohamed Seddiki

Mohamed Seddiki est acteur. Il est connu pour La Convention de Genève (2016), Gaz de France (2015) et Les héritiers (2014).

En savoir plus sur le spectacle

Ce que la presse en dit...

Une pièce joyeusement explosive qui interroge la masculinité.

Emmanuelle Bouchez

Télérama.fr, 6 décembre 2023

Inutile de tergiverser. Dès le premier quart de seconde, les huit comédiens nous emballent, nous embarquent, nous impliquent, nous séduisent. Ils nous livrent un shoot d’énergie, de vitalité, de candeur, de sincérité, de vulnérabilité.

Emmanuelle Saulnier-Cassia

Un Fauteuil pour l’Orchestre, 14 décembre 2023

La folle énergie et la sincérité des interprètes de La Tendresse questionnent avec finesse les nouveaux contours de la masculinité.

Fabienne Arvers

Les Inrocks, 17 mars 2022

Informations complémentaires

QUI EST JULIE BERÈS?


Dans le paysage théâtral français, Julie Berès a la caractéristique de traduire sur scène les contours d’un « espace mental », loin de toute forme de naturalisme, et de concevoir chaque spectacle comme un « voyage onirique » où se mêlent éléments de réalité (qui peuvent être apportés par des textes, ainsi que par une collecte de témoignages) et imaginaire poétique. Les images scéniques qui résultent d’une écriture de plateau polyphonique (textes, sons et musiques, vidéo, scénographies transformables) construisent un canevas dramaturgique, qu’il serait trop réducteur de qualifier de théâtre visuel. La notion de « théâtre suggestif » paraît plus juste : il s’agit en effet de mettre en jeu la perception du spectateur, en créant un environnement propice à la rêverie (parfois amusée) autant qu’à la réflexion.

Née en 1972, Julie Berès passe la plupart de son enfance en Afrique. Lorsqu’elle arrive en France, à 18 ans, c’est avec l’intention d’y poursuivre des études de philosophie. Mais le festival d’Avignon, où ses parents l’amenaient chaque été, et la rencontre avec Ariane Mnouchkine, lors d’un stage de masques au Théâtre du Soleil, en décident autrement. En 1997, elle intègre le Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris. Avec Poudre ! (2001), elle fonde sa propre compagnie, Les Cambrioleurs. Dès ce premier spectacle, le ton est donné dans une mise en scène qui, comme l’écrit alors Libération, « mêle le féerique et le burlesque ». Suivent, dans une veine assez proche où les souvenirs absents ou défaillants composent les méandres d’un espace mental fantasmé, Ou le lapin me tuera (2003) et E muet (2004), ainsi que la réalisation collective, avec quatre autres metteurs en scène, de Grand-mère quéquette (2004), adaptation théâtrale d’un roman de Christian Prigent.

Le goût d’une « dramaturgie plurielle », où interfèrent textes, scénographie, création sonore et vidéo, s’affirme plus nettement avec On n’est pas seul dans sa peau, créé en 2006. Avec ce spectacle, qui aborde la question sensible du vieillissement et de la perte de la mémoire, Julie Berès inaugure en outre une méthode de travail qu’elle qualifie « d’immersion documentaire » : avec une scénariste, Elsa Dourdet, et un vidéaste, Christian Archambeau, elle partage pendant quelques temps le quotidien de personnes âgées vivant en maison de retraite, et multiplie des entretiens préparatoires avec des médecins, gérontologues, sociologues, etc. Ce principe d’immersion documentaire sera renouvelé en 2008 pour la création de Sous les visages, autour des pathologies liées à l’addiction, et en 2010, avec Notre besoin de consolation, qui évoque les enjeux contemporains de la bioéthique. À l’horizon de Soleil Blanc (création 2018), il s’agit encore, à partir des craintes planétaires liées au réchauffement climatique, d’interroger des enfants de 4 à 7 ans sur notre rapport à la nature, et par des questions simples et métaphysiques, de parler d’écologie loin de tout catastrophisme.

Parallèlement, Julie Berès a développé une écriture scénique qui s’affranchit du réalisme, et restitue toute la part d’inconscient, de rêve, de fantasmes, qui hante nos vies. En 2015, avec Petit Eyolf, spectacle qui part pour la première fois d’un texte existant, elle parvient à faire ressortir l’inquiétante étrangeté du conte qui fut à la source du drame d’Henrik Ibsen. Si elle assume pleinement les options de mise en scène et de direction d’acteurs, Julie Berès revendique une « pratique collégiale » dans l’élaboration des spectacles. Suivant les cas, y concourent scénaristes, dramaturges, auteurs (comme pour la création de Soleil Blanc, ou pour Désobéir, écrit avec Kevin Keiss et Alice Zeniter) et traducteurs (la romancière Alice Zeniter pour Petit Eyolf), chorégraphes, mais aussi scénographes, créateurs son et vidéo, n’hésitant pas à irriguer l’écriture théâtrale d’accents de jeu venus de la danse ou des arts du cirque, tout autant que des ressources offertes par les nouvelles technologies.

Informations complémentaires

Avec l’équipe, nous avons mené un travail documentaire immersif auprès de garçons, qui sont au moment de leur construction en prise avec les conditionnements et les idées reçues qui s’imposent comme modèle. Pourtant, à cet âge, il est encore possible de se réinventer. Nous avons veillé à questionner des jeunes hommes originaires de différents horizons géographiques et sociaux pour donner une voix à différents impératifs et imaginaires de l’homme. Si les filles de Désobéir devaient souvent mentir pour s’inventer en dehors des carcans imposés, les garçons de La Tendresse, eux, ont souvent dû se mentir à eux-mêmes pour se sentir appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à une certaine « fabrique du masculin ».

« Il y a eu la rencontre déterminante avec huit d’entre eux : ils viennent du Congo, de Picardie… du break, du hip-hop, de la danse classique… Chacun à leur manière, ils ébranlent les codes et font bouger les lignes d’une identité d’homme fondée sur la performance, la force, la domination de soi et des autres.

Dans leurs trajectoires, ils ont eu l’impression qu’il fallait échapper à leur situation, s’en enfuir, ou la combattre. Pour la majorité d’entre eux, ces jeunes gens ne veulent plus ressembler au modèle de leurs pères et de leurs grands-pères ; quelque chose dans l’exemplarité masculine est en train de s’éroder, de se modifier doucement. Ils ont fait des choix différents mais qui sont tous porteurs d’une radicalité inspirante, fascinante ou effrayante.

Nous aimerions faire entendre la façon dont ils empoignent leurs vies, dans un monde souvent violent où il faut lutter pour tracer sa route.

Nous postulons avec eux que c’est sans doute dans l’acceptation de sa vulnérabilité, dans l’autorisation à la consolation, aux larmes comme dans la revendication d’une égalité de faits entre les hommes et les femmes que réside l’une des clefs de la réinvention de soi. »

Le spectacle Désobéir, que nous avons créé en novembre 2017, interrogeait la façon dont, en disant « non », des jeunes femmes issues de la deuxième ou troisième génération d’immigration en France, ouvraient leur voix/voie, s’inventaient, en dehors des injonctions familiales, sociales ou traditionnelles.

Pour La Tendresse, nous sommes allés à la rencontre de jeunes hommes, pour questionner chacun sur son lien au masculin et à la virilité à travers différentes sphères intimes et sociales, la famille, la sexualité, le monde du travail, la justice, la projection dans l’avenir… Nous souhaitons raconter l’histoire de ces hommes qui se débattent avec les clichés du masculin, les injonctions de la société, les volontés de la tradition et les assises du patriarcat.

Dans le droit fil de Désobéir, je continue à travailler avec les auteurs Alice Zeniter et Kevin Keiss. Ensemble, nous poursuivons notre diptyque sur la jeunesse et la résilience, sur leurs constructions, leurs fragilités et leurs paradoxes. Nous nous appuyons sur des parcours de vie et des témoignages pour qu’inexorablement l’intime puisse se mêler à l’éminemment politique.

Nous poursuivons notre désir d’élaborer un théâtre performatif dans un dispositif qui permette une adresse intime. Nous souhaitons une adresse directe au public susceptible de générer de l’empathie, de l’espoir et une libération.

Façonné par des millénaires de stéréotypes, d’iconographies, d’institutions, de fantasmes, le modèle du « mâle traditionnel » semble toujours asseoir, de façon parfois triomphante ou parfois pernicieuse, une domination sur les femmes. Mais aussi, ce qui semble moins analysé, une domination sur les hommes dont la masculinité est disqualifiée et jugée illégitime. Or les fondements de la construction du genre masculin, les masculins en devenir, ne sont que très rarement questionnés du point de vue des hommes et de la jeunesse.

Malgré les avancées menant à une égalité de droit formelle dans nos sociétés occidentales entre les hommes et les femmes, les structures archaïques du patriarcat continuent d’influencer nos comportements. Elles façonnent nos rapports et nos imaginaires, et ce dans toutes les strates de la société, et dans la plupart des cultures, même si elles prennent des formes différentes selon les contextes sociaux et culturels.

Dans ce deuxième volet, La Tendresse, nous avons souhaité poursuivre cette réflexion en abordant le sujet sous un autre angle, celui de la construction de la masculinité. En effet, nous pensons que le masculin reste une forme d’impensé. Le masculin, de façon inconsciente, est une norme qui englobe et définit le féminin.

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