Présenté au Théâtre Le Diamant
1h40(sans entracte)
En français
Nouveau Théâtre Expérimental (Montréal)
Flamboyant réquisitoire contre la violence du pouvoir, le pouvoir politique mais aussi celui de l’argent, le texte se présente à l’origine sous la forme d’une lettre adressée à «Monsieur» sans autre nom ou qualificatif qui pourrait l’identifier. L’auteur, longtemps directeur de la revue Liberté, s’insurge avec une grande lucidité, un brin d’ironie et beaucoup de style, contre le fait qu’il n’existe aucun moyen d’établir un dialogue ou même d’être entendu par ce Monsieur.
Destinataire impossible à personnaliser, il représente et englobe tout ce qui possède le pouvoir et l’argent et établit les règles du jeu : ce qu’on appelle «le système». On parle ici des grands joueurs de l’économie mondiale mais aussi des élus qui nous représentent et qui jouent leur jeu plutôt que de servir nos intérets. Le libéralisme économique imprègne à un point tel toutes les sphères de nos vies, y compris notre vie privée, notre sensibilité, notre imaginaire, qu’on ne peut pas y échapper : il faut être un «gagnant». Même l’expression artistique est assujettie aux lois du commerce et applique les principes de gouvernance de la grande entreprise. Ne parle-t-on pas maintenant d’industrie culturelle?
Le spectacle se déploie sur un plateau dépouillé, sculpté par la lumière, laissant toute la place au jeu et à la parole. On pourrait craindre une entreprise aride mais le texte est tout, sauf sec : c’est une écriture ancrée dans le corps, vivante, charnelle, aux images fortes et sensibles, livrée dans une langue très parlée, immédiatement compréhensible. La partition est répartie entre les quatre interprètes, deux acteurs et deux actrices, dont la mise en scène a fait quatre personnages différents qui s’adressent directement au public. Ils et elles se sont magnifiquement appropriés le discours, qu’ils livrent avec conviction et avec beaucoup d’invention et de nuances, tantôt provoquant l’indignation, tantôt générant l’adhésion.
Et si l’art était la seule vraie opposition possible?
Producteur délégué Nouveau Théâtre Expérimental
Texte Pierre Lefebvre
Mise en scène Benoît Vermeulen
Assistance à la mise en scène et régie Ariane Lamarre
Musique Guido del Fabbro
Conception des éclairages Anne-Sara Gendron
Conseillère en mouvements Line Nault
Maquillages Sandrine Bisson
Conception des costumes et accessoires Estelle Charron
Direction technique Caroline Turcot et Anne-Sara Gendron
Interprètes Alexis Martin, Etienne Lou, Ève Pressault et Tania Kontoyanni
Une coproduction du Festival TransAmériques, du Théâtre français du Centre national des Arts, du Nouveau Théâtre Expérimental et du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
Pierre Lefebvre cherche d’abord à allier la littérature et les questions sociales, économiques ou politiques. Ce mélange a pour but de nous rappeler que le chômage, l’inflation ou le réchauffement climatique sont d’abord des questions humaines avant d’être de la matière à statistiques ou des grands titres dans les journaux. Il est l’auteur d’un essai, Confession d’un cassé, publié aux éditions Boréal, et de trois pièces de théâtre : Loups (2005) Lortie (2008) et Extramoyen, splendeur et misère de la classe moyenne (2017) (cette dernière cosignée avec Alexis Martin), toutes trois produites par le Nouveau Théâtre Expérimental.
L’auteur a bénéficié d’une résidence d’écriture au Théâtre du Tandem à Rouyn-Noranda pour ce texte.
Benoît Vermeulen est comédien, metteur en scène et codirecteur artistique du théâtre Le Clou. Il navigue entre le théâtre de création enfance-jeune et celui grand public. Il a signé dernièrement les pièces Je cherche une maison qui vous ressemble (Autels particuliers), Des arbres (La Manufacture) et Le Scriptarium 2021 (Le Clou). Son souci pour la justesse et la précision de l’interprétation en fait un directeur d’acteurs hors pair. Vermeulen a ainsi su rendre concrètes, tangibles, rieuses et sensibles les idées, les réflexions et les colères qui traversent ce texte.
Le Nouveau Théâtre expérimental (NTE) est l’une des compagnies résidentes et fondatrices d’Espace Libre, une ancienne caserne de pompiers de la rue Fullum transformée en espace de jeu à géométrie variable. La compagnie a été fondée en 1979 par Robert Claing, Robert Gravel, Anne-Marie Provencher et Jean-Pierre Ronfard. Le NTE privilégie un théâtre de de recherche et de création. Il représente un espace de liberté unique en son genre dans le paysage culturel québécois. Daniel Brière et Alexis Martin assurent conjointement la direction artistique de la compagnie. Parmi les œuvres récentes du tandem Brière / Martin, on retrouve la trilogie L’histoire révélée du Canada-français, 1608-1998, les pièces Animaux, Bébés et Camillien Houde, le p’tit gars de Sainte-Marie, en coproduction avec Espace Libre.
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