Michel(le)
Intime
Libre

Michel(le), c’est le nom de la sœur de Joey Lespérance, qui livre ici le récit intime de celle qui l’a aimé et inspiré sans jamais parvenir à devenir qui elle était vraiment. Était-ce parce qu’elle n’était pas née dans le bon corps ? Ou à la bonne époque ? En plongeant dans leur enfance et leurs années formatrices, venez rencontrer Candy et découvrir l’univers underground du Montréal queer des années 70 et 80, où l’exubérance, la détresse et la drogue se combinent pour former un cocktail dangereux. C’est la deuxième fois que le Carrefour accueille Esther Duquette, qui signe ici, et avec beaucoup d’élégance, sa toute première mise en scène.




Crédits & Infos supplémentaires
Production Théâtre la Seizième
Idéation, texte et interprétation Joey Lespérance
Mise en scène Esther Duquette
Décor et accessoires Patrice Charbonneau-Brunelle
Conception des costumes Linda Brunelle
Conception sonore Pierre-Luc Clément
Conception d’éclairage Sophie Tang
Maquillage Florence Cornet
Dramaturgie Esther Duquette et Craig Holzschuh
Traduction surtitres Leanna Brodie
Régie Dominique Cuerrier
Direction technique Pierre Tripard
Direction de production Clémence Doray, Jessie Dumais et Mélina Mariotte
Soutien à la création Centre de service du Théâtre Aux Écuries
« On rit, on s’émeut, et on s’interroge tout au long du spectacle, sans jamais se sentir submergé. » – Katherine Lehoux, Orignal Déchaîné
« Il y a beaucoup de poésie, de sensibilité, de justesse. C’est un beau moment de théâtre. » – Richard Thériault, Phare Ouest, Radio Canada
J’ai longuement pensé à qui j’étais pour écrire ici. Michel(le) est né d’un drame familial que j’ai vécu, mais auquel j’ai aussi survécu. Ce même drame qui m’a presque tout couté, a éveillé en moi une urgente parole d’auteur, une forme de militance. Quand j’ai commencé à écrire ce texte, j’étais en crisse, contre toutes les injustices irréparables auxquelles la vie nous confronte. Malgré tout ça, je savais que c’était ma responsabilité d’écrire Michel(le).
En mettant les mots sur papier, j’ai réalisé que Michel(le) nous a laissé un immense cadeau. Celui de sa vie, de son histoire singulière. Une vie plus grande que nature, une vie courageuse face à l’adversité constante, une vie inspirante, et surtout une vie digne d’une scène de théâtre.
Il n’était pas question que l’histoire de Michel(le), comme malheureusement tant d’autres, soit perdue à jamais. Oubliée. Par
l’écriture, je suis devenu le protecteur de Michel(le) et de sa mémoire. Avec cette pièce, je donne aussi parole à ceux et celles qu’on entend moins; je célèbre les Michel(le) de ce monde.
Ce n’est pas donné à tous et à toutes de se réaliser, de vivre ses rêves. Et ce n’est pas donné à tous et à toutes de survivre dans notre monde où la masculinité toxique,
l’homophobie,
la transphobie,
l’ignorance,
existent toujours.
En tant qu’homme queer, j’ai aussi dû survivre à cette ignorance. Est-ce la chance, la force, le hasard, ou encore le théâtre qui ont fait
que j’ai pu survivre et me réaliser ? Comment se fait-il que j’exerce le plus beau métier au monde, celui auquel mon « froeur » et moi rêvions lorsque nous étions enfants ? Alors que Michel(le) s’est vu·e privé·e de ce rêve…
À travers cette pièce de théâtre autobiographique, je célèbre l’humanité sous toutes ses formes, même dans l’injustice irréparable. Je dédie Michel(le) à tous ceux et celles, vivant·e·s ou pas, qui ont eu le courage d’essayer. Pour que ton parcours singulier et courageux ne soit jamais terni par ton départ.
Ton frère
Joey Lespérance, il/lui
Pourquoi était-ce important pour toi de rendre hommage à Michel(le) grâce au théâtre et à la performance ?
Pour moi, il était évident que pour rendre hommage à Michel(le) je devais utiliser le théâtre, car c’était le langage de notre enfance. C’était par les spectacles que nous jouions pour notre famille et nos ami·e·s que nous étions vraiment heureux et libres d’exprimer notre singularité. Et le théâtre était notre rêve de carrière à tous les deux, on voulait pouvoir vivre de cette passion. Mais surtout, l’histoire de Michel(le), rarement vue sur scène, est digne d’une pièce de théâtre.
C’est la première fois que tu écris une pièce de théâtre. Comment s’est passé le processus ?
Le processus d’écriture a été très révélateur pour moi. Même si le fait d’écrire une pièce autobiographique m’a replongé dans des
événements personnels troublants, j’ai dû naviguer cette période d’inconfort pour en retirer son universalité car Michel(le), de sa vie, nous a laissé une riche histoire. Avec l’aide de mes conseiller·ère·s dramaturgiques et à travers nos échanges, j’ai pu voir ce vécu de
l’extérieur et en reconnaître sa particularité, avant de me pencher davantage sur la forme, la façon dont je voulais raconter son histoire. En entamant ce processus, j’ai découvert à quel point j’aime écrire. Michel(le) ne sera pas ma dernière pièce.
Quelle expérience souhaites-tu donner au public ? Avec quoi veux-tu qu’il ressorte ?
Par l’histoire de Michel(le), j’aimerais que le public reconnaisse à quel point nous devons être attentif·ve·s à nos enfants. Car en chaque enfant, il y a peut-être une identité queer qui a besoin de se réaliser dans ce monde hétéronormatif. Quels messages leur envoyons-nous ? Quels encouragements leur offrons-nous ? Il n’y a rien de plus fragile et de plus précieux que le début d’une vie. C’est le point de départ de nos rêves, mais aussi la période où nous devons être encouragé·e·s afin de pouvoir les réaliser. Derrière chaque adulte épanoui·e, il y a une enfance encouragée. Le contraire est aussi vrai.
Esther Duquette signe la mise en scène du spectacle. Comment s’est déroulée cette collaboration artistique ?
J’ai collaboré avec Esther Duquette à plusieurs reprises et à chaque fois j’ai été touché par son professionnalisme et son éthique du travail. Esther a un sens du théâtre qui me parle beaucoup. Son attention aux détails et son habilité à intégrer le mouvement, le rythme, le jeu et l’esthétique pour créer un univers scénique cohérent fait d’elle une metteure en scène de grand talent. Quand j’ai commencé à écrire Michel(le), j’ai tout de suite pensé à elle. Je suis si heureux qu’elle ait accepté. C’est une grande artiste et, encore une fois, sa mise en scène le prouve. Le projet est vraiment enrichi par sa force de meneuse qui a permis d’assembler une équipe artistique hors pair. De plus, nous adorons créer ensemble et avons une ligne de communication établie et ouverte, ce qui est très important pour assurer un espace de jeu respectueux et bienveillant.
Joey Lespérance est un artiste de théâtre établi à Vancouver depuis plus de trente ans, œuvrant en français et en anglais. Il a participé au développement de plusieurs textes dramaturgiques et signe présentement son premier texte solo, Michel(le). Ce projet autobiographique représente pour Joey une première mise en parole et un important cheminement de sa carrière artistique. Il a été nominé à plusieurs reprises aux Jessie Richardson Theatre Awards de Vancouver et a reçu le prix du Meilleur Acteur en 2015 pour son rôle dans À toi, pour toujours, ta Marie-Lou de Michel Tremblay (Théâtre la Seizième). Crédits pour la compagnie : Nos Repaires ; Le Soulier ; Bonjour, là, Bonjour ; Porc-épic ; Lentement la beauté ; et plusieurs autres productions. Autres crédits récents : Me Love Bingo (Arts Club) ; The Café (Itsazoo Theatre) ; A Midsummer Night’s Dream (Bard on The Beach) ; Holiday Elbow Room Café (ZeeZee Theatre) ; Hosanna (UBC) ; et beaucoup d’autres. Joey est diplômé de l’école de théâtre Studio 58 à Vancouver.
Directrice artistique et générale du Théâtre la Seizième à Vancouver de 2016 à 2023, Esther Duquette centre sa pratique artistique autour de la dramaturgie et de la mise en scène. Son travail a été présenté à travers le Canada, notamment avec Straight Jacket Winter, dont elle cosigne le texte et la mise en scène avec Gilles Poulin-Denis, et Le Soulier de David Paquet (mise en scène). Esther est récipiendaire d’un prix Jessie Richardson et de trois nominations, ainsi que du prix Roland Mahé-Banque nationale de la Fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal et membre fondatrice de la compagnie de création vancouvéroise 2PAR4, elle œuvre à titre d’administratrice ou de conseillère auprès de plusieurs organismes et comités régionaux ou nationaux depuis 2011
Principale compagnie francophone de théâtre professionnel en Colombie-Britannique, la Seizième contribue, depuis 1974, à la richesse et à la diversité des arts de la scène par ses activités de création, de production, de diffusion et de tournées. En offrant des expériences fortes qui reflètent le meilleur des arts de la scène francophones d’ici et d’ailleurs, nous cherchons à inspirer, enrichir et rassembler des publics divers.
Notre programmation compte une saison grand public, une saison jeunesse, une série d’ateliers d’art dramatique dans les écoles et un programme de formation, de ressourcement et de développement dramaturgique pour les artistes de la scène.