2000 | Salle Octave-Crémazie
Compagnie des petites heures (France)
« Tourgueniev, l’insatisfait, me pousse à un irrespect du texte beaucoup plus fort, je crois, que la déférence de ceux qui prônent la fidélité à la lettre et s’en tiennent là. »
Yves Beaunesne, notes de mise en scène
Cette prémisse posée, encore fallait-il que cet irrespect conduite à un spectacle qui se tienne. C’est donc en ces termes que se posait la réalisation d’un véritable pari : présenter une retraduction de l’auteur russe en respectant la substance de l’œuvre. Yves Beaunesne a travaillé sur une proposition qui opère de façon chirurgicale sur un texte que le metteur en scène considère comme bavard et brut à la fois. Un travail qu’il a commencé sans les mots, une petite entreprise de démolition comme c’est souvent le cas pour une maison que l’on rénove. Mise au goût du jour, l’œuvre de Tourgueniev reprend une vitalité qu’on lui connaissait mais qui s’était quelque peu étiolée à cause d’une certaine pesanteur du langage. « […] et dire qu’on a tout le temps, c’est faux, dit-il dans ses notes de mauvaises intentions. On n’a pas tout le temps, ni vous, ni nous. Alors, pour ce qu’on peut dire en une page et demie, ne prenons pas cent cinquante pages. Car plus court ne veut pas dire moins long, ni moins riche. L’adaptation, en plus de la traduction, va dans ce sens-là. De toute façon Tourgueniev est le plus fort. »
Beaunesne s’est donc appliqué à couper dans le gras. Il a pris le parti de ne pas ancrer la pièce dans la Russie ancienne et s’est permis de l’actualiser en misant sur des anachronismes, en favorisant la sobriété dans la scénographie, en signifiant les espaces-temps par de savants jeux d’éclairage, en privilégiant une musique contemporaine, le jazz. « Ce projet est une tentative d’épuisement de la parole et des discours à travers des êtres jeunes et saouls. Ce spectacle doit avancer vers le vide où tous les lieux se mêlent. La seule réalité qui m’importe est celle du plateau, où nous devons inventer un monde. Nous serons précis et exigeants sur la machine théâtrale, qui est une machine imaginaire, et non sur la reconstitution d’un réel quelconque. »
Le résultat a été probant : Un mois à la campagne, sa première mise en scène, créée en 1995 au Quartz de Brest, a obtenu le prix Georges Leminier décerné par le Syndicat de la critique dramatique.
Texte Ivan Tourgueniev
Mise en scène Yves Beaunesne
Traduction et adaptation Judith Depaule et Yves Beaunesne
Scénographie Bernard Giraud, Yves Beaunesne
Création lumières Dominique Bruguière assistée de Thierry Fratissier
Création costumes Cidalia Da Costa assistée de Jac Ward
Création son Sophie Buisson
Chorégraphie Jean Gaudin
Collaboration artistique Nathalie Hervé
Création coiffures et maquillages Corinne Masselo
Assistanat à la mise en scène Ève Weiss
Assistanat à la mise en scène (enfants) Cécile Bonnifait
Affiche Joan Ayrton
Collaboration artistique Marion Bernede
Régie plateau Alain Gillet
Régie son Frédéric Lemaître
Régie lumières Baptiste Bussy
Administration production Nicolas Roux
Production déléguée Frédéric Biessy
Interprètes Magali Léris, Nicole Colchat, Stéphanie Schwartzbrod, Renaud Becard, Marc Citti, Jean-Pol Dubois, Christophe Le Masne, Vincent Massoc, Léo Maurice, Quentin Moriot