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Tous des oiseaux

Crédit photo :Simon Gosselin

2019



Prix régulier /

Wajdi Mouawad (Paris)

En savoir plus sur le spectacle

Crédits

Texte et mise en scène Wajdi Mouawad
Interprétation Darya Sheizaf, Jalal Altawil, Jérémie Galiana, Judith Rosmair, Leora Rivlin, Rafael Tabor, Raphael Weinstock, Victor de Oliveira, Nelly Lawson
Assistanat à la mise en scène Valérie Nègre
Dramaturgie Charlotte Farcet
Conseil artistique François Ismert
Conseil historique Natalie Zemon Davis
Musique originale Eleni Karaindrou
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumières Éric Champoux
Son Michel Maurer
Costumes Emmanuelle Thomas assistée d’Isabelle Flosi
Maquillage, coiffure Cécile Kretschmar
Traduction hébreu Eli Bijaoui
Traduction anglais Linda Gaboriau
Traduction allemand Uli Menke
Traduction arabe Jalal Altawil
Production La Colline – théâtre national

Informations complémentaires

Le spectacle a été créé le 17 novembre 2017 à La Colline – théâtre national.

La production a reçu le Grand Prix 2018 du Syndicat de la critique en France.

À l’origine, le titre était Le chant de l’oiseau amphibie.

Tous des oiseaux est édité aux éditions Actes Sud/Léméac

Spectacles de Wajdi Mouawad présentés au Carrefour

1998 – Création de Willy Protagoras enfermé dans les toilettes

2000 – Ce n’est pas de la manière qu’on se l’imagine que Claude et Jacqueline se sont rencontrés

2006 – Incendies

2010 – Le Sang des promesses (Littoral, Incendies et Forêts)

2010 – Ciels

2012 – Seuls

2012 – Des Femmes (Les Trachiniennes, Antigone, Électre)


La légende de l’oiseau amphibie par Wadji Mouawad

Un jeune oiseau prend son envol pour la première fois au-dessus d’un lac. Apercevant les poissons sous l’eau, il est pris d’une curiosité immense envers ces animaux sublimes, si différents de lui. Alors qu’il plonge pour les rejoindre, la nuée des oiseaux, sa tribu, le rattrape aussitôt et l’avertit : « Ne va jamais vers ces créatures. Elles ne sont pas de notre monde, nous ne sommes pas du leur. Si tu vas dans leur monde, tu mourras ; tout comme eux mourront s’ils choisissent de venir vers nous. Notre monde les tuera et leur monde te tuera. Nous ne sommes pas faits pour nous rencontrer.» Les années passant, une mélancolie profonde le gagne, observant ces poissons sans pouvoir les atteindre. Par une sublime journée où il se rend au lac pour les admirer, un vertige le saisit : « Je ne peux pas vivre ainsi ma vie durant, dans le manque de ce qui me passionne. Je préfère mourir que de vivre la vie que je mène. » Et il plonge. Mais son amour pour ce qui est différent est si grand, qu’à l’instant même où il traverse la surface de l’eau, des ouïes poussent et lui permettent de respirer. Au milieu des poissons, il leur dit :« C’est moi, je suis l’un des vôtres, je suis l’oiseau amphibie. » La légende persane de l’oiseau amphibie me faisait rêver lorsqu’on me la racontait petit. Cette histoire de mutation me bouleverse aujourd’hui dans ce qu’elle raconte de notre époque, de notre monde et de notre rapport à l’Autre, à l’ennemi, pour ainsi dire

Genèse et rencontre

On peut dire que Tous des oiseaux eut pour source première la rencontre d’un auteur québécois d’origine libanaise vivant en France, avec une historienne juive ayant contribué à faire connaître un diplomate musulman, converti de force au christianisme. On appelle cela une rencontre avec l’idée absolue de l’Autre. S’il faut nommer les événements conduisant au spectacle, il faudrait évoquer un premier rendezvous dans un restaurant situé dans le hall des départs de l’aéroport international de Toronto, entre Wajdi Mouawad et Natalie Zemon Davis. Une amitié se noue, une correspondance et des entrevues régulières, à Toronto, Paris, Lyon, Nantes, Berlin, pendant lesquelles Wajdi Mouawad écoute tandis qu’elle raconte. Ces conversations ont comme fil d’or le personnage de Hassan Ibn Muhamed el Wazzân, sur lequel Natalie Zemon Davis a écrit un ouvrage, qui retrace la vie du diplomate, voyageur, historien de langue arabe, né à la fin du xve siècle, qui de retour d’un pèlerinage à la Mecque est fait captif par des corsaires chrétiens et livré au pape Léon x. Pour sortir de la prison, il se convertira au christianisme, prendra comme nom « Jean Léon l’Africain » et passera plusieurs années en Italie, où il s’initiera au latin et à l’italien, enseignera l’arabe et se consacrer à l’écriture, notamment d’une Description de l’Afrique. Le personnage subjugue tout en ouvrant des chemins à l’auteur Wajdi Mouawad, car il entre en résonance avec une histoire et une question qu’il porte depuis des années : comment devient-on son propre ennemi ? ou, pour le dire autrement, comment devient-on « oiseau amphibie»? Il y a dans la religion musulmane une notion passionnante: celle de taqiya. Elle désigne la possibilité de dissimuler sa foi sous la contrainte, de ne pas la trahir malgré les apparences. Même si rien ne le prouve dans ses écrits de manière définitive, Al-Wazzân aurait pu y recourir. D’une incubation de plus de sept années de cette matière immense, naît un récit aux ramifications aussi mystérieuses que le geste de l’écriture l’est lui-même. Car l’histoire surgit au moment où l’auteur l’appréhende le moins. Elle lui tombe dessus, ou plutôt ils tombent l’un sur l’autre. D’où le sentiment de rencontre. Une rencontre qui, très vite, agglomère une série d’événements, liés à des hasards, à première vue disparates, mais dont la conjugaison ouvre des fenêtres vers des horizons inattendus.

Texte et contexte

Le texte du spectacle qui s’écrit au fil des répétitions place au cœur du projet les questions géographiques et linguistiques. Géographique car l’histoire se déploie principalement en Israël, terre de déchirements portant l’histoire du Moyen-Orient et de l’Europe. Linguistique, car il s’agit de respecter les langues de la fiction et de les faire entendre : allemand, anglais, arabe, hébreu, ces langues qui précisément se croisent en Israël. Faire entendre les langues ensemble pour révéler les frontières et les séparations et tenter de remonter le fleuve du malentendu, de l’incompréhension, de la colère, de l’inadmissible. Les comédiens et concepteurs qui participent à ce projet portent cette géographie éclatée, tous issus de différents pays (Allemagne, États-Unis, Israël, Portugal, Suisse, Syrie, France, Grèce, Québec) et de langues maternelles différentes.

Le Grand Portrait de Wajdi Mouawad

Revue théâtre(s), numéro 9

DIAZ, Sylvain et Wajdi MOUAWAD.

Avec Wajdi Mouawad Tout est écriture, [s.l.], Actes Sud Papiers, 2017, 144 p. (Collection Apprendre).

ZEMON DAVIS, Natalie.

Léon l’Africain : un voyageur entre deux mondes, Paris, Payot & Rivages, 2007, 472 p. (Collection Biographie Payot).


Wajdi Mouawad

Né au Liban en 1968, l’auteur, comédien et metteur en scène a passé son enfance en France et sa jeunesse au Québec. Il signe des adaptations et mises en scène de pièces contemporaines, classiques et de ses propres textes, publiés aux éditions Leméac/Actes-Sud. Il écrit également des récits pour enfants et les romans Visage retrouvé en 2002 et Anima dix ans plus tard. Traduits en vingt langues, ses écrits sont édités ou présentés à travers le monde.
Diplômé de l’École nationale de théâtre du Canada en 1991, il co-fonde avec Isabelle Leblanc sa première compagnie, le Théâtre Ô Parleur. À la direction du Théâtre de Quat’Sous à Montréal de 2000 à 2004 puis du Théâtre français du Centre national des Arts à Ottawa, il est artiste associé du festival d’Avignon en 2009 où il crée le quatuor Le Sang des promesses, puis il s’associe, avec ses compagnies de création Abé Carré Cé Carré-Québec et Au Carré de l’Hypoténuse-France, au Grand T de Nantes en 2011.
Sa première création en tant que directeur de La Colline, Tous des oiseaux, présentée à l’automne 2017, voyage depuis en France et à l’international. La pièce a gagné le Grand prix de l’Association Professionnelle de la Critique de Théâtre, de Musique et de Danse pour la saison 2017/2018. Créé au printemps suivant, le spectacle Notre innocence, joue quant à lui à Madrid en 2018. Plusieurs de ses précédents spectacles poursuivent leur tournée, comme le solo Inflammation du verbe vivre présenté à La Colline à l’automne 2018 et Les Larmes d’Oedipe, qui composent Des Mourants, dernier chapitre d’une aventure autour des tragédies de Sophocle. Le solo Seuls, présenté plus de 200 fois depuis sa première représentation en 2008, joue encore à ce jour et s’inscrit dans le Cycle Domestique avec le spectacle Sœurs et ceux à venir, Frères, Père et Mère. Parallèlement, deux autres créations sont en répétition, celles de Fauves en mai et Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge avec Arthur H en novembre 2019.

Vidéos

Ce que la presse en dit...

La force du spectacle, qu’il a écrit en français, tient à la narration mais aussi à la traduction en quatre langues – allemand, anglais, hébreu et arabe – jouée selon l’origine des personnages et des acteurs qui se révèlent fantastiques dans leur jeu, tissant un kaléidoscope de langues et d’accents, de présences singulières et incandescentes.

Marina Da Silva

l’Humanité, 4 décembre 2017

Wajdi Mouawad est d’abord et avant tout un exceptionnel raconteur d’histoires, et celle-ci vous attrape dès les premières secondes pour ne plus vous lâcher.

Fabienne Darge

Le Monde, 28 novembre 2017

Il est rare de voir réunis tant de personnalités fortes, artistes profonds, impliqués au plus intime – de manières diverses – dans le récit qu’ils recomposent chaque soir. Cela donne un supplément spirituel au moindre de leurs mots, de leurs gestes. Le public est saisi et se lève à la fin pour un long remerciement.

Armelle Héliot

Le Figaro, 21 novembre 2017

Rarissimes sont les spectacles où l’on nous parle du monde d’aujourd’hui, et particulièrement de l’incendie qui brûle depuis le Proche-Orient, avec un tel amour de l’être humain d’en face, un tel art de dénouer la haine et un tel sens de la beauté.

Gilles Costaz

Politis, 14/20 décembre 2017

L’ensemble impressionne à la fois par l’écriture pénétrante et vibrante, par la beauté et la précision de la construction formelle, par le jeu absolument éblouissant des comédiens.

Agnès Santi

La Terrasse, décembre 2017

Remerciements

Spectacle présenté avec le soutien de l’Institut français et du Service de coopération et d’action culturelle du Consulat général de France à Québec.

Spectacle présenté en collaboration avec le Festival TransAmériques (FTA).


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