2019
Conception et mise en scène Stefan Kaegi (Berlin)
Dramaturgie Aljoscha Begrich et Yohayna Hernández
Scénographie Aljoscha Begrich assisté de Julia Casabona
Assistance à la mise en scène Noemi Berkowitz
Avec Milagro Álvarez Leliebre, Daniel Cruces-Pérez, Christian Paneque Moreda, Diana Sainz Mena
Vidéo Mikko Gaestel en collaboration avec Marta María Borrás
Musique Ari Benjamin-Meyers
Conception sonore Tito Toblerone et Aaron Ghantus
Costumes Julia Casabona
Leçons de trombone Yoandry Argudin Ferrer, Diana Sainz Mena et Rob Gutowski
Direction technique Sven Nichterlein
Recherche Residencia Documenta Sur, coordonné par le Laboratorio Escénico de Experimentación Social
Entrevues (Cuba) Taimi Diéguez Mallo, Karina Pino Gallardo, Maité Hernández-Lorenzo, José Ramón Hernández Suárez, Ricardo Sarmiento Ramírez
Direction de production Maitén Arns
Surtitres et traduction Meret Kündig
Production Rimini Protokoll et Maxim Gorki Theater Berlin
Coproduction Emilia Romagna Teatro Fondazione, Festival d’Avignon, Festival TransAmériques, Kaserne Basel, Onassis Cultural Centre – Athens, Théatre Vidy-Lausanne, LuganoInscena-Lac, Zürcher Theaterspektakel.
Présenté en collaboration avec le Festival TransAmériques (FTA).
Financé par la Fondation fédérale allemande pour la culture, Pro Helvetia, la Fondation suisse pour la culture et le Département de la culture et de l’Europe du Sénat. En collaboration avec le Goethe Institut Havanna.
21 mars 2019 – Première mondiale au Maxim Gorki Theater à Berlin.
Première francophone le 28 mars au Théâtre Vidy-Lausanne dans le cadre du festival Programme Commun.
Le spectacle sera également présenté au prestigieux Festival d’Avignon en juillet prochain.
Extrait du spectacle
-Milagro :
« À Cuba, on enseigne que l’histoire est faite de grands héros et de martyrs, que l’histoire avance et se développe de la répression et de l’esclavage à la liberté dans le socialisme. Cette histoire est objective. Je ne pense pas que ce soit comme ça. L’histoire n’est écrite ni par des héros ni par des martyrs. L’histoire est écrite par tous ceux qui la vivent. »
Textes tirés du programme au Théâtre Vidy-Lausanne
L’avenir de la révolution
Chronologie
Dossier du spectacle au Théâtre Vidy-Lausanne
Chroniques de Mylène Moisan parues dans Le Soleil
Cuba : l’autre révolution
Je ne comprends pas Cuba
Cuba : vous avez dit performance ?
Chercher le poulet
À PROPOS DES ARTISTES
Stefan Kaegi, concepteur et metteur en scène
C’est une des figures majeures du théâtre documentaire européen. Avec le collectif Rimini Protokoll, ils élargissent la notion de théâtre documentaire en tentant de dépeindre la réalité sous toutes ses facettes, faisant appel à ceux qu’ils désignent comme les « expert·e·s du quotidien ». Le Carrefour a présenté Mnemopark en 2007, lors d’un événement Théâtre d’Ailleurs, qui mettait en scène des modélistes suisses et leurs trains électriques.
Expert·e·s
Milagro Álvarez Leliebre, 25 ans
Elle est une jeune diplômée en histoire qui souhaite observer de plus près le passé de son pays. Ses ancêtres ont été libérés de l’esclavage en Jamaïque et sont venus à Guantanamo en 1913, où sa grand-mère a travaillé dans une usine de tissus pour les soldats américains. La grand-mère était une membre active du Parti Communiste, et agent local d’espionnage. « Quand elle est morte, l’idée que je vivais dans le meilleur de tous les pays est morte pour moi » dit Milagro. Elle a soudain compris que la réalité de Cuba était beaucoup plus complexe que lors des marches de la fête du travail avec sa grand-mère. Elle a commencé à remarquer le racisme et le sexisme autour d’elle. Milagro voulait quitter le pays mais a compris qu’elle ne pourrait jamais se payer des études aux États-Unis. Elle est donc restée au pays et souhaite devenir professeur dans son université, même si un professeur gagne moins de 50$ par mois. Elle vit dans des conditions très modestes à Havana Vieja, quartier qui souffre à présent de la gentrification. Depuis l’an dernier, les galeries de sa rue vendent des œuvres d’art pour 1000$ à côté d’un magasin où les gens font la queue pour acheter des œufs avec des tickets de rationnement. Milagro observe la violence et l’injustice dans les autres pays d’Amérique latine et prend la défense des réussites de la révolution cubaine.
Daniel Cruces-Pérez, 36 ans
Mathématicien, traducteur et réalisateur de cinéma : son grand-père, Faustino Pérez, n’était pas communiste à l’origine, mais un des plus proches camarades de Fidel Castro pendant la révolution. Il organisa le transport sur le navire Granma qui amena les révolutionnaires du Mexique à Cuba en 1956. Après le triomphe de la révolution, Faustino fut le premier « Ministre de la répartition des richesses injustement distribuées », expropriant les riches, abandonnés par le dictateur Batista. Son petit-fils Daniel a encore le catalogue d’une enchère des biens expropriés. Après deux ans au ministère, il se retira, dégoûté par la corruption et les inégalités. Il fut envoyé comme ambassadeur en Bulgarie tandis que sa femme reçut une immense maison, avant de quitter l’île pour Miami, d’où elle communique souvent avec Daniel. Faustino Perez est revenu au pays en tant que ministre de la distribution de l’eau mais a été peu à peu déçu par le système qu’il avait contribué à créer. Daniel a grandi avec son grand-père et a appris à regarder le gouvernement avec des yeux critiques. Actuellement, il gagne de l’argent en traduisant un site internet de maths pour un programme d’éducation canadien. D’une certaine manière, en accord avec les premiers travaux d’alphabétisation mais avec un compte bancaire international.
Christian Paneque Moreda, 25 ans
Christian est sur le point de passer son diplôme en sciences informatiques et veut devenir programmeur. Contrairement à son grand-père Rufino, 79 ans, qui descendait d’une famille ouvrière communiste et a servi comme soldat dans l’armée pendant 27 ans. Rufino s’est battu contre les contre-révolutionnaires pendant l’invasion de la Baie des Cochons et plus tard s’est engagé en Angola pour soutenir les soulèvements anticoloniaux en Afrique occidentale et pour libérer la Namibie. Il s’est battu aux côtés du Général Ochoa qui a été plus tard exécuté pour trafic de drogues avec Pablo Escobar, trafic servant à générer des revenus pour la révolution cubaine.
Christian a toujours voulu être comme son grand-père et a postulé pour être pilote de combat dans l’armée. Mais il a échoué au test psychologique. Les officiers lui ont dit : tu n’es pas capable d’obéir aux ordres. Aujourd’hui, il voit son grand-père comme quelqu’un ayant consacré toute sa vie à la révolution mais dont le sacrifice n’a jamais été reconnu. Rufino, dont la pension est très faible, continue de travailler comme agent de sécurité dans les hôtels pour touristes de Varadero pour survivre.
Diana Sainz Mena, 30 ans
Elle est musicienne professionnelle et tourne à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Mais elle revient toujours pour partager la maison de sa grand-mère. Son grand-père était un chanteur cubain célèbre dont elle a suivi l’exemple. Pour Granma. Les Trombones de la Havane, elle a enseigné le trombone à Daniel, Milagro et Christian pendant un an. En partant de marches et d’hymnes, la jeune génération a trouvé graduellement son propre rythme. Et pendant qu’ils répétaient chaque semaine sur leur trombone, ils se préparaient en même temps à un processus documentaire de recherche, d’histoire et de répétitions.
Rimini Protokoll
Présentation tirée du site Web de la compagnie
Les membres du collectif Rimini Protokoll se sont rencontrés dans les années 90, au cours de leur formation à l’Institut des Sciences théâtrales appliquées de Giessen, sorte d’École supérieure du théâtre allemand avant-gardiste. Rimini Protokoll regroupe sous son label Helgard Haug, Stefan Kaegi et Daniel Wetzel. Tous trois travaillent alternativement dans différentes constellations: souvent tous les trois ensemble, Haug et Wetzel régulièrement en duo; Stefan Kaegi a travaillé seul à plusieurs reprises, bien qu’il ait antérieurement coopéré avec Bernd Ernst dans Hygiene heute. Rimini Protokoll a tout d’abord réalisé ses premiers projets au sein de théâtres privés. Depuis le début de la décennie, le collectif est également invité par des théâtres publics : lors de la saison 2006/07, deux mises en scènes furent présentées au Schauspielhaus de Zürich. Le collectif travaille en outre depuis de nombreuses années à l’étranger (en grande partie à la demande de l’Institut Goethe).
Portrait
Qui veut savoir ce que fait le collectif théâtral ou le trio de mise en scène regroupé sous l’étrange nom de « Rimini Protokoll », doit se confronter aux termes « réalité » et « fiction ». Rimini Protokoll puise ses thématiques au cœur de la réalité. Les projets sont construits à partir de recherches précises, développées à partir de situations existantes dans le lieu original. Le groupe travaille toujours, pour ses mises en scène, avec des amateurs, nommés « spécialistes », trouvés au cours des recherches, et qui se présentent ensuite dans les spectacles, tels qu’ils sont.
C’est là, cependant, que commencent les difficultés de distinction, de glissements, d’engrenages et de superpositions entre réalité et fiction: on ne sait pas où commence le théâtre et où s’achève la réalité, on ne peut pas et on ne doit d’ailleurs pas le savoir. Il ne s’agit pas ici de faire des tours de passe-passe, mais plutôt de laisser ressurgir clairement la réalité, par la mise en scène. Le théâtre de Rimini Protokoll ne sépare pas la scène et le public, mais articule toujours les deux sphères selon de nouvelles expériences d’agencements. Il s’agit ici de perception, de reconnaissance du monde et en particulier des humains. Il s’agit de percer la complexité de notre réalité, de la montrer sous toutes ses facettes de manière à pouvoir ainsi la questionner. Les membres de Rimini Protokoll utilisent leur méthode de manière subtile, dans des constellations toujours plus surprenantes, faisant preuve d’une grande curiosité envers le monde.